Catherine de Médicis et le château de Chenonceau
« J’ai eu la fille toute nue » ! Ainsi se lamente François 1er lorsque le Pape Paul III refuse de verser la dote promise par son prédécesseur Clément VII pour le mariage unissant Catherine de Médicis et le deuxième fils de François 1er, Henri d’Orléans (le futur Henri II).
Catherine de Médicis : une Reine de France venue d’Italie
Héritière de la lignée des Médicis, aux commandes de Florence, Catherine est un choix stratégique pour un rapprochement Franco-Italien dans le contexte des guerres d’Italie et des rivalités entre François 1ier et Charles Quint. Son origine roturière (non noble) ne la prédestine pas au futur roi de France, le premier fils de François 1ier. Elle épouse le deuxième fils, et devient ainsi Duchesse d’Orléans en 1533.
Trois ans plus tard, rebondissement : le dauphin François de France meurt ! Henri d’Orléans reçoit le titre de dauphin et de duc de Bretagne, avant de devenir Roi de France en 1547. Catherine de Médicis sera sacrée Reine de France en 1549, à la basilique Saint-Denis.
Chaumont, puis Chenonceau !
Parallèlement à son rôle actif dans la vie de la Cour (politique, mais aussi culturel, aux côtés notamment de Marguerite de Navarre) et à la mise au monde de ses enfants (François II, Elizabeth de France, Claude de France, Louis de France, mais aussi Charles IX, Henri III, Marguerite de France…), la Reine Catherine administre également à partir de 1550 le riche domaine de Chaumont-sur-Loire. A la mort du Roi, elle l’échangera pour s’octroyer le château de Chenonceau, au dépend de sa grande rivale, Diane de Poitiers.
Si l’ancienne favorite a profondément transformé Chenonceau, en créant notamment le jardin de Diane, c’est Catherine de Médicis qui fait bâtir les galeries au-dessus du Cher (à l’image du Ponte Vecchio… de Florence), qui donnent au château un charme à nul autre pareil. Le parterre de Diane est également modifié, et Catherine de Médicis crée son propre jardin. Le bâtiment des Dômes et la Chancellerie seront également érigés. Depuis 2019, on peut également découvrir son apothicairerie.
Catherine de Médicis accroît également le vignoble, qui arbore de nos jours l’appellation « Touraine Chenonceaux ». On peut déguster ces vins à la cave des Dômes, à l’intérieur du château, ou encore auprès de la cave du Père Auguste, le domaine viticole voisin.
Les festivités de Catherine de Médicis au château de Chenonceau
Reine-Mère et régente du royaume à plusieurs reprises, Catherine de Médicis sera une actrice politique majeure au cœur des guerres de Religion et marquera l’histoire de France. Stratège, elle organisa de nombreuses festivités non dépourvues d’objectifs, et notamment 3 grands événements au château de Chenonceau.
Après l’épisode de la conjuration d’Amboise en 1560 (auteurs d’un complot, de nombreux protestants sont tués, et certains seront pendus aux balustrades du château royal d’Amboise), une grande fête est donnée en l’honneur du jeune roi François II et de son épouse Marie Ire d’Écosse (née Marie Stuart, et issue de la famille des Guise, branche cadette de la Maison de Lorraine et proche de l’église catholique), du 31 mars au 6 avril 1560.
Une fois les travaux de ses jardins achevés, la reine-mère organise les secondes fêtes somptueuses à Chenonceau pour son second fils, le roi Charles IX, du 13 au 22 avril 1563. Juste après la signature de la Paix d’Amboise, c’est l’occasion de marquer une trêve dans la guerre civile qui oppose catholiques et protestants. S’écartant des Guise, elle y invite notamment le prince de Condé, chef des Protestants. Cela n’empêchera pourtant pas celui-ci d’essayer de capturer Charles IX en 1567, poussant le jeune roi et sa mère à trouver refuge à Paris. Viendra ensuite le massacre de la Saint-Barthélemy, débuté également à Paris en 1572. Le nom de Catherine de Médicis y restera associé dans l’histoire.
Le bal des seins nus
La troisième fête royale est aussi connue sous le nom du… « bal des seins nus » ! Elle se déroule en 1577, alors que deux galeries viennent d’être édifiées au-dessus du pont de Diane. Les 60 plus belles femmes de la Cour déambulent drapées dans de simples voiles transparents. Catherine de Médicis a à cœur de montrer ainsi qu’Henri III n’est pas intéressé que par ses « mignons ». La fête fût grandiose, mais le dernier représentant de la Maison des Valois reste impassible. L’objectif ne fut cette fois pas tout à fait atteint…
Pour aller plus loin sur Catherine de Médicis et le château de Chenonceau : www.chenonceau.com