Exposition « Agnès Sorel l’influenceuse »

En 2022, une exposition de la Cité royale de Loches a célébré le 600ème anniversaire de la naissance d’Agnès Sorel, première favorite officielle d’un roi de France. Née en 1422 dans une famille de petite noblesse, elle bénéficie d’une très bonne éducation en Anjou en tant que demoiselle d’atours d’Isabelle de Lorraine, épouse du roi René. Mais un autre atout jouera un rôle déterminant dans sa destinée : sa beauté, à nulle autre pareille.

Entre Charles VII et Agnès Sorel : le coup de foudre !

Des yeux bleu clair, une peau très blanche : c’est le plus beau visage qu’il ait été donné de voir. Ce physique particulièrement avantageux ne va pas échapper bien longtemps aux yeux de Charles VII, de 18 ans son ainé. Et si dans les premiers temps, la belle fait languir quelque peu son royal soupirant, cela ne fait que renforcer l’attrait que Charles VII ressent. Elle finit par succomber : difficile de se refuser au Roi.

Pour celui-ci, Agnès Sorel n’est pas une conquête de plus. Un lien profond se noue entre les deux amants. Pour la garder près de lui, le roi la place au service de la reine Marie d’Anjou (aux traits beaucoup plus disgracieux…), en tant que demoiselle d’honneur. Une première étape, pour celle qui va lui donner trois filles, reconnues officiellement, et qui va devenir dès 1444 la première favorite officielle d’un roi de France.

Agnès Sorel - Vierge à l'enfant, Jean Fouquet - LochesAppréciant particulièrement la cité royale de Loches, elle y fera de longs séjours et y résidera d’ailleurs, y compris en l’absence de Charles VII. Sa présence est immortalisée par la copie d’un portrait peint par Jean Fouquet : la favorite apparaît sous les traits d’une Vierge à l’enfant, allaitante, presque une madone. Le portait mêle le caractère pieux d’Agnès, mais aussi sa sensualité qui transparaît avec ce sein dévoilé, son goût pour les belles choses avec le manteau d’hermine, et son rôle auprès du Roi via la couronne posée sur la tête de celle qui est… presque reine.

Agnès Sorel, aux côtés de Jeanne d’Arc, Pierre de Brézé…

Si la vie de Jeanne d’Arc est indissociable de la destinée de Charles VII, Agnès Sorel va être étroitement associée à la période faste de son règne. Selon la légende, elle lui indique que son astrologue (dont l’avis était à cette époque très respecté) lui a prédit qu’elle serait aux côtés d’un grand roi, ce qui l’amène à penser qu’elle devrait peut-être être aux côtés du Roi d’Angleterre. Piqué au vif, Charles VII va dès lors consentir à affronter ses rivaux britanniques pour libérer la Normandie.

Pour ce faire, il s’appuie d’ailleurs sur un certain Pierre de Brézé, sous l’impulsion duquel l’armée se mettra à utiliser des boulets métalliques pour s’attaquer aux fortifications britanniques. Celui-ci a le soutien total d’Agnès Sorel, tant vis-à-vis de sa fonction de principal conseiller du Roi, que dans sa défense contre les accusations formulées par le Dauphin (futur Louis XI) à son encontre.

La cité royale de Loches

La cité royale de Loches

Dans le donjon de Loches : Charles VII, Louis XI...

Dans le donjon de Loches : Charles VII, Louis XI...

Le logis royal de Loches, avec la

Le logis royal de Loches, avec la "tour d'Agnès".

… et Jacques Cœur !

Par ailleurs, consciente de ses attraits, Agnès Sorel soigne très attentivement son apparence, s’épilant le front à la manière des italiennes et se démarquant par ses tenues. Elle n’hésite pas à casser les codes vestimentaires, introduisant les décolletés, jouant avec la transparence des étoffes, allongeant les manches et les doublant de fourrure, arborant de longues traînes, voire une armure extravagante à l’occasion d’une joute. Cela ne va pas sans susciter d’ailleurs des réprobations et des inimités (le Dauphin, les représentants de l’église…), accompagnées de surnoms peu flatteurs.

Mais ce raffinement influence la vie de la cour, entraînant une évolution de la mode féminine, mais aussi masculine, ce qui donne ainsi naissance à l’art de vivre à la française. Un avant-goût de ce que seront les festivités de François 1er au château royal d’Amboise et les fastes de Versailles !

Les belles étoffes et les pierres précieuses (la belle Agnès est la première à porter des diamants taillés), c’est son ami Jacques Cœur qui va les lui amener. Négociant, il est le premier à entretenir des relations avec les pays du Levant (Syrie, Liban…), faisant concurrence aux vénitiens, pisans et génois. Les produits venus d’ailleurs apportent un regain de prestige à la cour, et Jacques Cœur se retrouve bientôt à la tête d’une fortune colossale. Nommé Argentier du royaume, sa bonne gestion va lui permettre de donner les moyens au Roi de lutter contre les Anglais au cœur de cette fameuse guerre de Cent ans.

La postérité d’Agnès Sorel

La première cliente de Jacques Cœur succombe en 1450 à un « flux au ventre » à Jumièges (Seine-Maritime). Des analyses menées récemment ont montré une concentration en mercure dans son organisme bien supérieure à la normale. L’hypothèse d’un empoisonnement existe, à moins qu’un remède au vif-argent n’en soit l’origine.

Toujours est-il que Charles VII choisit le chœur de l’église de Notre-Dame de Loches (devenue depuis la Collégiale Saint Ours) pour ériger le tombeau de sa favorite. Transféré après la révolution française dans la « tour de la Belle Agnès » puis à l’intérieur du Logis royal de Loches, son gisant y est réinstallé en 2005, avec à ses pieds 2 agneaux, en hommage à son prénom. A quelques mètres, une statue de Jeanne d’Arc semble veiller sur celle qu’ont choisie comme muse de grands noms de la mode, tels Yves-Saint Laurent, Helmut Newton, Jean-Paul Gautier ou Alexander McQueen.

Collégiale Saint-Ours - Gisant d'Agnès Sorel, à Loches, France.

La collégiale Saint-Ours ©blacknegative

Le Jardin Saint Louis de Loches, jouxtant la collégiale Saint-Ours où l'on peut voir le gisant d'Agnès Sorel, selon la volonté de Charles VII dont elle était la première favorite officielle d'un roi de France.

Le jardin Saint-Louis, derrière la Collégiale Saint-Ours. ©ADT Touraine / Jean-Christophe Coutand

Votre séjour à Loches

Quelques hébergements : Hôtel Best Western Plus Cité Royale (4*), Le Luccotel (3*), camping La Citadelle (4*), résidence de tourisme Pierre et Vacances, chambres d’hôtes les troglos de Beaulieu

Quelques restaurants : Arbore et Sens, Le P’tit Restau, Amore Mio, Le Prosper, La Loire en Tonneaux (bar à vins)…

Visites, balades et activités aux alentours : le Musée Lansyer, la forêt domaniale de Loches (à découvrir en randonnée, via une boucle vélo de 18km, ou en trottinette électrique tout terrain), les villages de Montrésor, Chédigny et Beaulieu-lès-Loches, les châteaux de Chenonceau, Montpoupon et Bridoré, la randonnée de l’étang du Louroux, le spa Les Bains Douches, le Parc Aquatique Naturéo

Crédit photo (image du bandeau) : Conseil départemental d’Indre-et-Loire – Loïc Lagarde

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